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L'âge d'homme

15 décembre 2007

1099.Ailleurs....

Plus ici. Ailleurs. Là.

http://agedomme.blogspot.com/

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3 décembre 2007

1098.Les mains dans les poches

Rolls_devant_le_pont_Alexandre_III__Paris__d_cembre_2007_Et il parle, encore, toujours. Partout. Clamant avec raison qu'il a été élu pour agir, alors il agit. Ferme, déroulant son programme face aux tempêtes et sans sourciller. Bête politique, notre Président est omniprésent, rien ne semble pouvoir arrêter cette machine ; infatigable promoteur de l'idée libérale (travaillons plus pour gagner plus, compétitivité à outrances, sur-consommation j'en passe et des meilleures). Et en face, le néant. Socialistes déchirés donnant un piètre spectacle d'une opposition vide de sens, sans programme et pire ayant perdu une partie de ses valeurs ; incapable de réagir à quoique ce soit sinon par des banalités mille fois rabâchées. Communistes à la dérive, laminés par les échecs successifs, alter mondialistes impuissants à s'organiser et à parler d'une seule voix. Le tout inaudible en ces temps de Sarkozysme triomphant. Tout comme ma propre voix, d'ailleurs : j'ai l'impression qu'elle n'a pas sa place en ce moment, qu'il vaut mieux que je me taise le plus souvent ; que je laisse entre eux quelques clans qui semblent croire détenir je ne sais quelle vérité sur je ne sais quel sujet, tournant en rond dans un milieu fermé comme l'eau de ces aquariums qui ne voit jamais la mer. Bah ! Les bons vents reviendront, les roues tourneront. Rien n'est heureusement figé dans ce monde. Même ce mal de gorge, ruine d'une angine récente, me quittera. Mes yeux regardent distraitement toutes ces ampoules qui clignotent, ces Père Noel qui se trémoussent, ces papiers multicolores qui brillent. Symptômes d'une société qui s'ennuie, d'une société triste ; qui cherche ses repères et qui se force à trouver des raisons de faire la fête, qui se force à rester dans le bonheur permanent. Tout cela passera aussi. Ce seront les premières fêtes de fin d'année sans mon père. Sans sa présence rassurante, sans son rire et ses jeux de mots.

Le premier Noel sans une partie de moi.

(Photographie personnelle : voiture de mariés devant le Pont Alexandre III, coté rive droite, Paris, 1 décembre 2007)

28 novembre 2007

1097.D'où je suis j'ai l'impression de tout voir

20061023225231_departNon, je n'ai rien oublié. Ni ce que j'ai écris ici, ni ce que vous avez répondu. Je n'oublie rien du monde qui tourne avec ou sans moi. Je lis autant les journaux qu'avant. Toujours à l'écoute de l'humanité qui souffre, celle qui subit les injustices. Celle que l'on oublie peu à peu, loin de tout et surtout des caméras. Quand je me retourne sur ma vie je vois que je ne suis plus à un bouleversement près ; j'ai subi des tempêtes et quelques ouragans, ce que tout un chacun a connu dans cette condition humaine qui est la nôtre. Le jazz m'accompagne toujours, l'Afrique plus que jamais. Une vie à reconstruire, cette fois pour de bon, pour de vrai. Sans artifices, sans fards. Une vie qui pourrait bien m'emmener plus loin encore que mes rêves les plus fous. Comme un serpent abandonne sa peau sous les soleils de plomb je renais de cendres. Je pense à mon père, tous les jours, toutes les demi journées. Mon chagrin ne s'est pas calmé. Tapi dans un coin de mon corps, prêt à bondir ; à me remplir de sa masse gluante, à me bouffer de l'intérieur. Perdre un de ses parents c'est laisser tout un pan de son identité sur le bord du chemin, c'est une partie de son histoire qui disparait comme ces réacteurs de fusées  qui se pulvérisent dans l'espace intersidéral. Non, je n'ai rien oublié. Ecrire pour continuer d'exister, pour prendre de la distance avec ce qui se passe ; ralentir les choses pour moins les subir, écrire pour rester debout. Je me regardais l'autre matin dans le métro, au milieu de la foule du quai pendant la grève. Je me voyais être dans la file des bestiaux du matin qui monte les escaliers pour aller prendre la correspondance. Il était tôt, tout le monde dormait plus ou moins debout. Et je me demandai quelle était cette vie étrange que je vivais, cette routine dans laquelle je ne me suis jamais senti bien. Quelle est cette vie que l'on fait subir aux pauvres hères que nous sommes, abrutis par la publicité du matin au soir, écervelés par une télévision sans consistance ; reflets d'une existence idéale que personne n'atteint, créant des frustrations à n'en plus finir qui se ressentent jusque dans nos banlieues où rien n'est réglé, où rien n'a avancé, où l'on enferme de plus en plus de gens dans l'ignorance, la lassitude, la résignation. Non je n'ai rien oublié. Ce soir là à la station République un jeune homme assis sur une couverture chantait pieds nus, une guitare à la main. Il chantait Bob Marley "No woman No cry", cheveux en locks, le regard bleu acier. Je l'ai écouté sans m'arrêter de marcher dans le couloir du métro. Je pensai à la liberté, la vraie.

16 novembre 2007

1096.Où en est on ?

9782750903176Voilà quelques jours que j'ai atteint les quarante et un ans, genre de non évènement auquel au fond de moi je n'attache guère d'importance mais qui me permettra de saoûler mon entourage proche sur le fait que je vieillis... J'ai souvent l'impression qu'il me faudrait plus d'une vie tellement mes curiosités m'emportent parfois (en fait souvent) très loin, que je m'aperçois à mon âge avancé (sic) que je suis passé à côté de choses que je trouve essentielles et que je ne découvre que maintenant. Tel est le cas de ce petit texte du philosophe Emmanuel Mounier que, à ma grande honte, je ne connaissais pas jusqu'à il y a quelques semaines. Un livre que j'ai trouvé par hasard en en cherchant un autre, ce qui m'arrive frequemment, dans les rayons "littérature africaine" de ma librairie favorite de Belleville.  Texte rafraîchissant, on ne peut plus d'actualité sur les relations entre les humains, singulièrement entre Noirs et Blancs, sur le racisme ordinaire. Paru en1948, le manuscrit de Mounier analyse avec un discernement inhabituel pour l'époque (même si un Michel Leiris avait amorcé la pompe un peu avant avec "l'Afrique fantôme")  l'inquiétude d'une Afrique qui ne saurait concilier richesses ancestrales et modernité, dénoncant cette élite qui serait tentée de "n'être ni vraiment africaine, ni vraiment européenne". Le bouquin de Mounier apparait ainsi comme le premier grand texte anticolonialiste publié en France. Il donne aussi des clés importantes par rapport aux débats d'aujourd'hui : pas de diabolisation de l'ère coloniale, pas de nostalgie de celle ci non plus mais au contraire une réelle écoute de l'autre, avec une grande profondeur et une rare beauté.  Signalons au passage que Mounier est un des créateurs d'une célèbre revue, "Esprit", qui perdure de nos jours et dont les textes sont toujours vifs, remuants, piquants et réveilleurs de conscience.

13 novembre 2007

1095.Mais que fait la police ?

RATPJe ne vais pas vous saoûler avec mes difficultés de l'existence, tout le monde a les siennes, à des degrés plus ou moins importants ; ma mère dirait que chacun porte sa croix. Alors justement demain (ou ce jour cela dépend du moment où vous lisez ces lignes) les grèves paralyseront le pays en général, Paris en particulier. Et comme tout bon parisien qui se respecte j'ai les yeux rivés sur les bulletins d'informations de la RATP, vénérable institution faisant partie intégrante du patrimoine de la capitale ; les mots sont clairs et nul besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que le trafic métro et Rer sera "quasi nul" (ce qui est un terme diplomatique pour dire que rien ne roulera...), que toutes les interconnexions  (c'est à dire les correspondances) ne seront pas assurées dans les gares parisiennes, que les bus et les trams ne seront assurés qu'à 10 pour cent (diplomatie toujours...) Bref, journée noire qui de surcroît risque de durer. Alors oui ces grèves m'ennuient dans ma vie quotidienne : qui n'a pas connu Paris les jours de grève ne peut pas savoir ce qu'est un embouteillage.... Mais en même temps elles font plaisir : enfin s'apercoit on qu'au delà du cirque sarkozyste il n'y a rien de bien sérieux et qu'en fait de rupture elle n'est que formelle, genre contenant sans contenu. Cela dit, je ne sais pas chez vous mais ici à Paris on se croit déjà à Noël tant certaines devantures sont parées de crèches, guirlandes multicolores et clignotantes, sapins empesés de boules scintillantes ; j'en passe et des meilleures. Je trouve que tout cet attirail arrive de plus en plus tôt, la société marchande dans laquelle nous vivons non contente de nous imposer tout et n'importe quoi, surtout d'acheter ; mais en plus nous impose son rythme à la con enchaînant périodes de fêtes sans discontinuer à croire que l'on s'emmerde ferme dans nos vies au point d'aller chercher ripaille et galéjade du matin au soir et d'un bout à l'autre de l'année. Je ne saurai vous dire pourquoi mais tout ceci me semble pitoyable, lamentable, pathétique.

(La photo provient du site Figaro.fr)

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11 novembre 2007

1094.Un peu de tout, un peu de rien

Rouge__Safyatou__ma_femme__S_n_gal_Voilà quelques jours que j'ai déserté ces colonnes, ce blogue, mon clavier et mes écritures diverses et variées. Ainsi va la vie des Hommes. Déserté ce blogue, certes. Mais pas les vôtres. Et si je n'y mets pas de commentaires, c'est tout simplement parce que je suis dans ma période d'observation. J'ai souvent des périodes comme cela : j'observe, je participe, parfois je fais les deux, parfois aucun des deux... J'ai déserté ces lignes parce que oui l'amour a sonné à ma porte, qu'il est beau, simple, lumineux ; comme je l'avais toujours souhaité. Qu'il me fait du bien. Mais là ne sont pas les seules raisons. Je n'avais plus de cordon d'alimentation pour mon ordinateur portable : je viens d'en retrouver un. Ce qui me permettra d'écrire tranquillement de ma (très) modeste demeure les billets qui vous sont destinés plutôt que de courir les cyber-cafés souvent peu confortables et où la promiscuité est gênante. Ce brusque retour de cordon va me permettre enfin de vous envoyer vos choses promises, c'est à dire vos photographies d'il y a quelques semaines ; je n'ai qu'une parole et je n'ai rien oublié. Outre ce malheureux fil qui ne pouvait plus nourrir mon ordinateur, je dois faire face à des difficultés qui pour certaines ou certains paraîtront peu graves mais qui m'empêchent pourtant de me concentrer autant que je le voudrais, qui nuisent à mon sommeil et qui pour tout vous dire me font chier à un point qu'il m'est difficile d'exprimer ici. Voilà maintenant un peu plus de deux mois que mon père est mort, voilà maintenant un peu plus de deux mois que je ne m'en suis pas remis, voilà un petit peu plus de deux mois que je ne passe pas une demi journée sans penser à lui. Ma mère est entrée dans une maison de repos dans sa Provence qu'elle aime tant, voilà que c'est la première fois qu'elle quitte la maison sans son mari, cet homme avec qui elle vivait depuis plus de soixante ans. Elle a du quitter ses meubles, sa chatte, ses habitudes, toute cette vie qui était la sienne. Elle m'appelle matin et soir. Dans le téléphone parfois j'entends souffler le froid mistral qui tord les platanes de cette Provence que j'aime moi aussi. J'y entends aussi toutes les souffrances d'une femme de 79 ans qui se sent perdue certains soirs, qui ravale ses larmes quand elle me dit que son mari lui manque et que c'est une douleur sans nom. Là bas il y a mes deux soeurs et mon frère qui l'entourent autant qu'ils le peuvent. Et moi ici à Paris je rage de ne pouvoir descendre la voir à cause d'un manque d'argent, à cause des mois plus que difficiles qui viennent de s'écouler dans la boîte où je bosse, ou d'un effectif de 57 on est passé via des licenciements à 20 (!), où j'ai sauvé ma tête je ne sais encore comment mais où mon salaire misèreux (tandis qu'on nous en demande encore et toujours plus) me permet non pas de vivre mais de survivre. Alors ce qui devait arriver arrive : des huissiers, pas forcément très aimables, me demandent 400 euros sinon ils viendront saisir ce qu'ils ont à saisir, à savoir cet ordinateur sur lequel  je tape ce billet, un lot de livres et de cd (c'est à dire tous mes bouquins et tous mes cd) ainsi qu'une télé (dont je n'ai plus rien à faire à vrai dire) Vive la France et ceux qui font ce beau métier : prendre le peu qui reste à ceux qui n'ont déjà pas grand chose ! Mais il ne sert à rien que je m'énerve ici, il y a très peu de chance que cet huissier lise ce blogue. Il fut des temps où je gardais tout cela en moi, où la honte me couvrait, où je buvais tout ceci en silence. Ces temps sont révolus parce que dans ces situations  on va à l'essentiel, on ne couvre plus avec des fioritures ; et ici, dans ces colonnes j'ai toujours parlé vrai, je vous ai toujours tout dit dans la plus parfaite authenticité et que je ne vais pas commencer à vous raconter des sornettes maintenant, on se connait trop. 400 euros... somme sans doute dérisoire,  somme sans doute minime pour beaucoup, mais somme qui correspond à la tranquillité pour moi et quand je pense à ces quelques euros je me dis la tranquillité est pas chère mais que je ne peux pas me la payer...
La femme que j'aime dort à côté de moi pendant que j'écris ces lignes. Je la regarde. Sa peau noire brille légèrement avec la lumière de l'écran d'ordinateur. Je m'arrête de taper sur le clavier.
Elle est là.

Vous êtes là.

(Cliché personnel : les mains et la peau de la femme que j'aime, novembre 2007)

29 octobre 2007

1093.Les mondes qui se rencontrent

senegal_20kidsAinsi va la vie des Hommes. Le show de notre Président continue sans relâche, le spectacle est permanent ; tellement écoeurant que les mots manquent devant tant de gesticulations. Il est des temps où toute opposition est inaudible, nous vivons un de ces temps. Une gauche décomposée, incapable de construire quoique ce soit ou même de proposer quelque chose de fédérateur, bouffée qu'elle est par les luttes intestines qui finiront par la tuer. Alors moi même si je garde un oeil, et même les deux, sur toutes ces mascarades et que je continue à lutter (comment ne pas lutter, comment se laisser faire ?) je prends un peu de recul, je m'aère l'esprit, le coeur et le corps. Pour une des premières fois depuis très longtemps je pense pour quelques jours à moi. Sous la pluie parisienne je vis des heures qui ne sont pas ordinaires, de ces heures qui changent une vie si on sait les saisir. Un de mes rêves vient de se réaliser, je n'y crois pas encore et j'ai peine à en parler tant tout cela m'est personnel, tant tout cela n'a de signification que pour moi, tant je ne peux expliquer ce que cela représente pour moi : je viens de rentrer dans une famille africaine, accueilli comme un des leurs. Une maman, un papa. Quatre frères, quatre soeurs dont une avec laquelle on s'est choisis. Le plat de poulet Yassa qu'on mange tous ensemble, le thé à la menthe, le wolof et le peul. Les peaux noires. Le bruit, les rires, toute l'Afrique. Le Sénégal. Ces sonorités si douces à mon oreille. Ces couleurs, ces boubous, ces facons de vivre. Une journée magique. Il est toujours étrange de vivre un de ses rêves, on ne sait pas ce qui est réel, on ne sait pas trouver le vocabulaire ; se pincer ne sert à rien alors on se laisse porter. On laisse les minutes et  les heures passer, on traverse la nuit et le lendemain matin on se réveille en constatant que tout est bien réel, un coup de fil vous le prouve, des voix venues de ce rêve vous parlent à l'oreille.

Qu'est ce qui m'arrive ?

(Photo : jeunes filles sénégalaises, DR)

26 octobre 2007

1092.Heures ordinaires

chevet_notre_dame_paris_7Un matin qui se lève, le petit jour qui pointe, le ciel gris ou blanc. Son corps contre le mien, blanc et noir mêlé dans la chaleur humaine d'une fin de nuit. L'odeur du chocolat, celle d'un thé aux agrumes. Le bruit de la douche qui coule. Son visage endormi, son sourire. Le parfum de sa peau. Le baiser qu'elle m'envoie tandis que je ferme la porte pour aller rejoindre le trafic du métro parisien. Mes pas sur le trottoir, un coup d'oeil à la Tour Eiffel dans l'alignement de la rue de Belleville. Ma tête remplie d'Elle. De tout le reste. Le bruit de la capitale, cette femme qui s'asseoit à côté de moi, celle qui lit en face et ces jeunes qui parlent de leurs interrogations écrites du matin qui vient. La foule dans la correspondance à la station République, le flux des êtres humains vers la ligne 8 direction Balard. Le journal que j'achète au kiosque, les odeurs de croissant dans les couloirs, mes rêves et mes songes au milieu de la foule. Station Ecole Militaire. Je somnole un peu. J'ai froid, j'ai mal au cou. Station Boucicaut : je sors, je marche dans la rue de la Convention. Je m'allume une cigarette. Mes yeux croisent ceux de dizaine de visages. Rue de la Croix Nivert, rue Lecourbe. Le ciel de Paris est gris, humide. Je pense à elle. A mon fils. A ma mère. A mon père. Mégot écrasé dans le caniveau. La circulation dense. Les Vélib' qui passent. Le coeur de la capitale qui se remet à battre. Comme le mien.

Un matin ordinaire dans la ville lumière.

(Photographie d'Arnaud Frich)

23 octobre 2007

1091.Etre là, ne pas y être

On peut être avec une personne depuis vingt ans et ne pas savoir qui elle est. On peut avoir rencontré un être humain depuis un mois et avoir les sensations délicieuses de se connaitre depuis les débuts de la vie. La durée des choses ne compte que finalement peu, seule l'intensité prime. Mystères de la vie, mystères des choses, mystères du temps qui passe. On me disait dans le billet précédent d'avoir une écriture plus masculine : un débat s'est instauré entre vous à ce sujet. J'ai écouté, j'ai peu répondu. Mais j'ai apprécié. Je pense que chacune et chacun a une idée de moi à travers ce que j'écris, à travers ce que je vous dis. Quelle idée avez vous de moi ? Que ressentez vous de moi ? Et vous pourriez me renvoyer la question : qu'est ce que je sais de vous ? qui êtes vous, vous à qui je pense quand je viens écrire ici ? Je me sens de moins en moins virtuel....

PS : vos photos sont là. Mais une panne de cordon d'alimentation de mon ordinateur m'empêche de vous les envoyer. Problème réglé prochainement...

16 octobre 2007

1090.Dormir avec une femme

Il y a si longtemps. Un corps dans mon lit. A côté du mien, entité lourde, endolorie ;  habituée aux solitudes des jours qui passent plus ou moins dans la raison, des matins un peu frais aux soirs qui tombent et où je me sens revivre. Un corps à coté du mien. Un corps de femme. Noir d'ébène avec un visage qui me sourit. Des mains douces aux doigts fins qui s'entrelacent avec mes membres hésitants, mes gestes remplis de frissons, mon cerveau méfiant. Mon nez, mes joues, mon front qui ne sont plus habitués à recevoir la tendre caresse d'autrui. Le corps d'une femme à la taille cerclée d'une chainette que la femme africaine réserve à l'homme qui la voit nue. Ses yeux qui regardent les miens si intensément que j'en suis gêné, ce corps qui se blottit contre le mien ; cette peau noire qui se mélange avec la mienne, image belle à en mourir. La nuit lente se déroule. Ni elle ni moi n'envisage que les minutes puissent passer si vite. Il y a si longtemps.

15 octobre 2007

1089.Récapitulationnons....

Samaritaine__Paris__septembre_07J'ai mon petit carnet où j'ai barrré soigneusement ce que j'ai photographié.  Alors ce sera la nature à Paris pour Libérienne, le parcours Giacometti dans le XIVe pour Mohamed, le Trocadéro du côté droit pour Alain, Spiruline voulait Montmartre, le père Lachaise plait à Nina, je suis allé au 106 rue des Amandiers pour Hadrienne et à Campo Formio pour Suzana, je me suis baladé aux Tuileries en pensant à Angeline, pris quelques portes pour Belotine et me suis énivré des parfums de la boutique Izrael dans le Marais pour Michèle et ce que je considère comme romantique dans la capitale pour Noir Intense. Je pense n'avoir oublié personne. Tempérance n'aura pas une bête photo de la fenêtre de sa chambre d'hôtel en souvenir d'une rencontre ratée ; je suis allée pour elle lui capturer bien mieux. Les premières photos vont arriver à partir de demain dans vos boîtes, je les accompagne d'un mot pour chacun de vous. Et je voulais que vous sachiez encore combien ca m'a fait plaisir d'aller parcourir Paris pour vous.

(Paris,
Pont Neuf, rive droite, "La Samaritaine" - photo personnelle)

14 octobre 2007

1088.Pendant ce temps là

Rue_des_Cascades__XXe_arrdt__ParisLa mort de mon père a été un choc immense, il n'existe d'ailleurs aucun mot vraiment pour qualifier la douleur, la souffrance et le chagrin que je ressens. C'est pour cela que je n'en parle pas. Que je n'écris rien, ou presque. En moi il ne passe pas une seule demi-journée sans que l'image de ce père m'assaille, quoique je fasse et où que je sois. Elle me laisse souvent muet. L'autre nuit j'ai rêvé qu'il était vivant : il était là, devant moi ; il s'était remis de son arrêt cardiaque mais on avait du lui faire une trachéotomie et il parlait avec une voix métallique. Je ne me suis pas rappelé du rêve tout de suite. C'est en me brossant les dents le matin que les images me sont revenues en pleine mémoire. J'ai arreté net la brosse, la musique de Coltrane que j'écoute pratiquement tous les matins. Le silence s'est fait et les larmes ont coulé, presque sèches. Que dire ? Que faire ? Assis je me suis allumé une cigarette, j'ai respiré fort. Tout me semblait égal, tout me paraissait loin. Et pendant ce temps là ma mère se sent perdue. Pendant ce temps là cette femme se demande pourquoi son mari l'a laissée seule après soixante ans de mariage. Et quand je l'ai au téléphone le soir elle me dit tout son chagrin à travers ses larmes, tout ce desespoir passe à travers les lignes téléphoniques. Après avoir raccroché je suis bouleversé, j'étouffe et les rues de Paris sont sans saveur.
Pendant ce temps là.
(Photographie personnelle : la rue des Cascades, XXe arrondissement de Paris)

11 octobre 2007

1087.Avec vous

12410367Elles sont presque toutes là. Bousculade dans mon appareil. Je vais en arranger quelques unes. Elles sont toutes pour vous. Quelques unes manquent encore mais... ce week end je les aurai capturées. Elles, ce sont les photographies que je suis allé faire pour vous. Encore un peu de patience, je sais, le temps semble long. Mais je dois zigzaguer entre diverses choses, dont certaines ne sont pas réjouissantes ; c'est la vie. Merci de votre indulgence. De votre compréhension. Mon existence ressemble en ce moment à une voiture qui serait lancée à pleine vitesse.
En attendant, je vous offre un petit texte presque sans importance écrit dans mon adolescence...

De ce temps là je vois le chemin qui poudroie au soleil Sous la chaleur accablante de juillet au milieu des pins

Nos pas l’un dans l’autre relayés par nos mains serrées Le ciel n’avait peut être jamais été aussi bleu que ces après midi là

 

Tu avais ce petit short blanc mêlé de rose et pas de culotte Sous un tricot bleu je devinai tes seins

 

D’un coup d’œil nos regards se mêlaient et on arrivait à tout oublier L’air devenait bouillant Nous faisions l’amour dans les bois Ta peau était douce La caresse de l’été fondait sur nous Cet unique été

 

De ce temps là je ne me rappelle plus bien Le souvenir de toi est une ligne en pointillés Un gigantesque puzzle où il manque des pièces Où je perds patience Où mes mains tremblent

 

Bien des années plus tard à Paris le soleil est encore là Dans le métro rien ne poudroie mais la chaleur est encore accablante Je ne te cherche plus Jamais je n’ai plus entendu ta voix

 

Je ne suis plus embrumé de toi Tu n’es plus ce léger voile qui me venait parfois sur les yeux

L’infime latence de ma vie

 

Longtemps je me suis senti coupable de toi Et puis un matin je t’ai intégrée

Ingérée Digérée

Comme une narine qui se débouche Tu es entrée dans mon existence Comme une fièvre.

 

Et c’est là que j’ai su.

9 octobre 2007

1086.Fixer

Le_tissu__Severine__Guadeloupe_En parcourant divers blogs, dont les vôtres, en lisant et en regardant les images quelque chose revient de manière lancinante, clairement ou de façon plus inconsciente : l'amour. Ce besoin d'être aimé ; sans doute encore plus le besoin d'aimer. J'ai souvent l'impression que ces deux choses sont chez moi un puits sans fond, une quasi certitude que rien ou personne ne pourra les combler tant j'en suis demandeur, presque dépendant souvent, tant j'en déborde. Je demande trop, c'est sûr.... Le jazz, la littérature, l'écriture ; paradoxalement la solitude, toutes ces passions essaient de remplir ce gouffre de sentiment que je me sens souvent être. Alors je prends aussi des photos. J'ai toujours aimé prendre des photos, faire des petits films, au point d'en faire mon métier ce fut un temps. Photographier c'est fixer un instant. Une émotion. Un sentiment. J'ai toujours déclenché mon appareil comme si je sortais mon stylo plus que si j'avais un pinceau pour faire une toile. Dans la rue, mes yeux vont dans tous les sens. J'aime capter le quotidien, des scènes apparemment anodines mais qui ne le sont pas. Si vous vous promeniez avec moi vous seriez sans doute étonnés de voir que je peux m'arrêter sur des choses que vous n'aviez pas vues ou que vous considéreriez comme bizarres à photographier... Prendre des photos me calme. Je laisse le temps passer, je rêve et j'observe. Je passe, je repasse, je reviens et je m'arrête. Parfois aussi je m'installe à la terrasse d'un café et je regarde. Il peut m'arriver de partir avec mon appareil mais de ne revenir avec aucune photo... Ce n'est pas grave. Après le plaisir de pousser le bouton, la joie de voir ses clichés en grand sur l'ordinateur ; d'y apporter quelques retouches ou pas. Un plaisir du début à la fin en somme.

Songeuse__Severine__Guadeloupe_Mais je ne fais pas que me promener : je fais aussi de la photographie pour l'échange, la rencontre, la relation humaine. Et j'aime photographier l'Afrique (ca ne vous étonnera pas...), et ici, à Paris, l'Afrique est là, bien là. Sous toutes ses formes, y compris les moins réjouissantes. Je n'ai jamais eu l'idée de publier mes photos sur un site, encore moins de les vendre... mais des amis, des connaissances ont été accrochés par certains de mes clichés allant même jusqu'à dire qu'ils étaient "magnifiques" ! Moi qui ne suis jamais sûr de moi vous imaginez l'effet de ces quelques paroles ! Alors de semaines en semaines, de mois en mois et d'années en années, j'ai fini par y croire ; mais surtout l'envie de montrer mon travail m'est apparu : un ami webdesigner talentueux réalise en ce moment mon site photo qui sera en ligne prochainement, j'en suis tout excité. Mais je vous disais que je photographiais l'Afrique. Il m'arrive de faire des séances photos avec des personnes rencontrées ici ou là. Justement, j'en ai fais une dimanche dernier : les clichés qui illustrent ce billet en sont issus (cliquez dessus pour agrandir). Faire des photos c'est se retrouver à une table de café, face à face. C'est parler. De tout. De rien. Presque pas de photos justement. C'est découvrir l'autre pour le plaisir de le découvrir (encore plus, je vous l'accorde s'il est africain, africaine, antillais ou antillaise....). C'est peut être devenir amis. Faire des photos c'est tout un monde de peut être.

Dimanche c'était une jeune antillaise de dix neuf ans, belle comme un coeur et remplie d'espoir de sa future vie. Elle m'a parlé de Guadeloupe, de Martinique, de créole et de cuisine antillaise. Elle m'a parlé de sa condition de femme noire.
Elle s'appelle Severine. Merci Severine. Comme merci à tous et à toutes les autres, les passés et à venir...

(Au fait je ne parle pas rugby parce que ca ne m'interesse pas du tout, ni de Sarkozy tellement ce qui se passe m'écoeure....)

8 octobre 2007

1085.L'air de rien

bonatiki_300On parlait jazz il y a quelques billets, continuons. Après le pianiste Yaron Herman voici le guitariste Richard Bona. L'homme est camerounais, bassiste, compositeur, chanteur ; le jazz qu'il produit est doux, tendre, mâtiné de rythmes africains qui laissent dans l'oreille du sucre et de la tendresse. J'ai découvert ce gars là tout à fait par hasard (ou pour une question de rendez vous comme dirait Borgès dans le billet précédent...)  sur une affiche dans le métro parisien : elle annoncait un concert dans un club, la bouille de l'homme m'a paru sympa, je ne le connaissais pas et à l'affût de tout ce qui se passe en jazz me voici parti le soir du concert. Etes vous déjà allé dans un club de jazz ? Il faut d'abord dire que ces lieux sont chers : comptez en moyenne une trentaine d'euros, une conso comprise, renouvellable toutes les heures.... et le moindre café est à cinq euros ! Ensuite l'espace est souvent petit, réduit, enfumé (comment va t-on faire lors du passage de la loi scélérate ? Un club de jazz où l'on ne fume pas n'est pas un club de jazz, la cigarette fait partie de  l'ambiance jazz, du plaisir de vivre....) et puis dans un club on fait des rencontres avec des vrais passionnés, on est proches les uns des autres ; les musiciens sont quasiment à vos côtés, très près et abordables. L'ambiance monte peu à peu, les mains battent, les pieds tapent la mesure, tout le monde se met à transpirer... Magie de cette musique.. Mais ne transpirons pas et revenons à Richard. Il a gravi rapidement les marches de la notoriété grâce à ses talents exceptionnels. Né en 67 il est initié au jazz en écoutant des disques de Jaco Pastorius ce qui, avouons le, est un très bon départ. Je vous parlerai de Pastorius bientôt. A 22 ans il quitte le Cameroun, fait un détour par l'Allemagne et vient s'installer en France et accompagne des gens aussi différents que Higelin, Didier Lockwood, Manu DiBango. C'est en 1995 qu'il part à New York (où il est toujours) jouant là aussi avec des noms prestigieux de la scène jazz américaine. Un premier album solo sort en 99. Et depuis c'est le succès : festivals de jazz en tous genres, notamment le prestigieux Jazz à Juan où il se produisait cet été, tout en continuant à accompagner toute une pleiade de gens dans des compositions mémorables. Un jazz qui coule bien, qui vous descend dans la gorge comme un bon vin, une présence sur scène des plus énergiques (l'homme ne s'économise pas) ; un jazz tout en sensations, idéal pour une bonne soirée avec l'élu (e) de votre coeur ou d'autre chose avec chandelles, certains diront un jazz facile mais moi je dis un jazz aussi, africanisé sur certains morceaux et Bona le fait très bien, il ne renie rien de son africanité, c'est tant mieux.

(Où écouter du Richard avant là aussi de se ruer sur ses albums ? Et bien ICI...)

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