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L'âge d'homme
22 septembre 2007

1072.L'ordinaire

Le_pigeon__M_tro_Gare_du_nord__Paris__Aout_2007_Dans le métro, l'autre jour, je regardai les Parisiens, dont je fais partie. Nous vivons dans un monde qui n'a jamais eu autant de moyens de communication à sa disposition, de l'internet au téléphone en passant par je ne sais quoi. Jamais le monde n'a été finalement aussi petit avec les avions, les trains qui bientôt dépasseront le mur du son, les bateaux. Quelque chose qui arrive à l'autre bout de la planète est connu aux antipodes en moins d'une minute. On peut correspondre avec quelqu'un qui habite à des milliers de kilomètres... et pourtant. Et pourtant on ne parle plus à son voisin. Je faisais l'autre matin l'inventaire de mes compagnons de voyage : beaucoup le nez dans leurs journaux (malheureusement la plupart gratuits), d'autres les oreilles bouchées par un casque relié à un petit appareil et complètement hermétiques à ce qui peut se passer autour ; certains rivés à leur téléphone portable tapotant fièvreusement les touches comme si leur vie en dépendait. Finalement ceux qui somnolent sont les plus réceptifs à leur environnement.... Peu se parlent. Les regards se croisent et se décroisent avec en fond sonore le roulis du métro. Moi j'avais envie de parler à ma voisine, de lui parler de n'importe quoi, de lui dire qu'elle me plaisait avec ses tennis blanches, sa queue de cheval et son grain de beauté sur la lèvre supérieure, à droite. Lui dire que j'avais envie de lui écrire un poème ou de lui offrir des fleurs. De lui raconter ma vie et qu'elle me raconte la sienne. De la faire rire pour que chaque éclat me réchauffe le mauvais temps revenu. Tout ca juste pour le plaisir, sans penser au lendemain. Mais elle se fourre elle aussi des écouteurs dans les oreilles. A la station Opéra le flux monte et descend, se croise sans un mot. Maintenant j'ai à côté de moi deux hommes cravatés et sentant trop la crème de soin pour la peau ; ils parlent de Sarkozy (comme si on ne le voyait pas déjà trop, on en parle !) puis enchainent sur les cours de la bourse... Passionnant. Je sors de mes pensées au milieu de la rue de la Convention, il y a un léger vent frais, du genre de ceux que j'aime ; je déboutonne un peu plus ma chemise je veux le sentir me passer sur la peau, j'allume une cigarette, une femme à l'arrêt de bus me sourit.
Un jour de plus commence à Paris.

(Photo personnelle :
le pigeon, sur une des bouches de métro de la Gare du Nord, Paris, aout 2007)

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