1090.Dormir avec une femme
Il y a si longtemps. Un corps dans mon lit. A côté du mien, entité lourde, endolorie ; habituée aux solitudes des jours qui passent plus ou moins dans la raison, des matins un peu frais aux soirs qui tombent et où je me sens revivre. Un corps à coté du mien. Un corps de femme. Noir d'ébène avec un visage qui me sourit. Des mains douces aux doigts fins qui s'entrelacent avec mes membres hésitants, mes gestes remplis de frissons, mon cerveau méfiant. Mon nez, mes joues, mon front qui ne sont plus habitués à recevoir la tendre caresse d'autrui. Le corps d'une femme à la taille cerclée d'une chainette que la femme africaine réserve à l'homme qui la voit nue. Ses yeux qui regardent les miens si intensément que j'en suis gêné, ce corps qui se blottit contre le mien ; cette peau noire qui se mélange avec la mienne, image belle à en mourir. La nuit lente se déroule. Ni elle ni moi n'envisage que les minutes puissent passer si vite. Il y a si longtemps.