1086.Fixer
En parcourant divers blogs, dont les vôtres, en lisant et en regardant les images quelque chose revient de manière lancinante, clairement ou de façon plus inconsciente : l'amour. Ce besoin d'être aimé ; sans doute encore plus le besoin d'aimer. J'ai souvent l'impression que ces deux choses sont chez moi un puits sans fond, une quasi certitude que rien ou personne ne pourra les combler tant j'en suis demandeur, presque dépendant souvent, tant j'en déborde. Je demande trop, c'est sûr.... Le jazz, la littérature, l'écriture ; paradoxalement la solitude, toutes ces passions essaient de remplir ce gouffre de sentiment que je me sens souvent être. Alors je prends aussi des photos. J'ai toujours aimé prendre des photos, faire des petits films, au point d'en faire mon métier ce fut un temps. Photographier c'est fixer un instant. Une émotion. Un sentiment. J'ai toujours déclenché mon appareil comme si je sortais mon stylo plus que si j'avais un pinceau pour faire une toile. Dans la rue, mes yeux vont dans tous les sens. J'aime capter le quotidien, des scènes apparemment anodines mais qui ne le sont pas. Si vous vous promeniez avec moi vous seriez sans doute étonnés de voir que je peux m'arrêter sur des choses que vous n'aviez pas vues ou que vous considéreriez comme bizarres à photographier... Prendre des photos me calme. Je laisse le temps passer, je rêve et j'observe. Je passe, je repasse, je reviens et je m'arrête. Parfois aussi je m'installe à la terrasse d'un café et je regarde. Il peut m'arriver de partir avec mon appareil mais de ne revenir avec aucune photo... Ce n'est pas grave. Après le plaisir de pousser le bouton, la joie de voir ses clichés en grand sur l'ordinateur ; d'y apporter quelques retouches ou pas. Un plaisir du début à la fin en somme.
Mais je ne fais pas que me promener : je fais aussi de la photographie pour l'échange, la rencontre, la relation humaine. Et j'aime photographier l'Afrique (ca ne vous étonnera pas...), et ici, à Paris, l'Afrique est là, bien là. Sous toutes ses formes, y compris les moins réjouissantes. Je n'ai jamais eu l'idée de publier mes photos sur un site, encore moins de les vendre... mais des amis, des connaissances ont été accrochés par certains de mes clichés allant même jusqu'à dire qu'ils étaient "magnifiques" ! Moi qui ne suis jamais sûr de moi vous imaginez l'effet de ces quelques paroles ! Alors de semaines en semaines, de mois en mois et d'années en années, j'ai fini par y croire ; mais surtout l'envie de montrer mon travail m'est apparu : un ami webdesigner talentueux réalise en ce moment mon site photo qui sera en ligne prochainement, j'en suis tout excité. Mais je vous disais que je photographiais l'Afrique. Il m'arrive de faire des séances photos avec des personnes rencontrées ici ou là. Justement, j'en ai fais une dimanche dernier : les clichés qui illustrent ce billet en sont issus (cliquez dessus pour agrandir). Faire des photos c'est se retrouver à une table de café, face à face. C'est parler. De tout. De rien. Presque pas de photos justement. C'est découvrir l'autre pour le plaisir de le découvrir (encore plus, je vous l'accorde s'il est africain, africaine, antillais ou antillaise....). C'est peut être devenir amis. Faire des photos c'est tout un monde de peut être.
Dimanche c'était une jeune antillaise de dix neuf ans, belle comme un coeur et remplie d'espoir de sa future vie. Elle m'a parlé de Guadeloupe, de Martinique, de créole et de cuisine antillaise. Elle m'a parlé de sa condition de femme noire.
Elle s'appelle Severine. Merci Severine. Comme merci à tous et à toutes les autres, les passés et à venir...
(Au fait je ne parle pas rugby parce que ca ne m'interesse pas du tout, ni de Sarkozy tellement ce qui se passe m'écoeure....)